L’agroforesterie est un système agricole très varié, il n’existe pas de profil type d’agroforesterie.
Dans ce court texte, nous allons présenter les principes généraux et les avantages de cette
agriculture.
L’agroforesterie est un mode d'utilisation de l'espace agricole qui vise une intensification végétale
à la surface . Ce mode de culture consiste en une association entre des arbres et des cultures ou
des animaux.
L’agroforesterie comprend à la fois une grande diversité de systèmes agricoles, souvent
connus sous d’autre noms tels que le sylvopastoralisme ou les prés vergers…et une grande
diversité d’aménagements agroforestiers : arbres isolés, haies…
La définition internationale de l’agroforesterie, tropicale et tempérée, proposée par l’ICRAF (International
Center for Research in Agroforestry) est la suivante :
« Système dynamique de gestion des ressources naturelles reposant sur des fondements
écologiques qui intègre des arbres dans les exploitations agricoles et le paysage rural et
permet ainsi de diversifier et maintenir la production afin d’améliorer les conditions sociales,
économiques et environnementales de l’ensemble des utilisateurs de la terre ».
Ce système existe depuis longtemps et était très présent dans les régions arides et semi
arides étant donné qu’il permet une meilleure utilisation de l’eau. L’agroforesterie est un
système traditionnellement présent en Europe et dans plusieurs autres régions du monde
dont l’Australie. Chaque région du monde a sa propre version de l’agroforesterie. En
Normandie ce sont les bocages tandis qu’en Australie c’est le sylvopastoralisme.
Après la seconde guerre mondiale, le développement des machines agricoles et
l’intensification de l’agriculture a encouragé la déforestation et la perte de ce patrimoine. Les
bocages normands ont disparu au profit des champs de céréales, les arbres ont en majeure
partie été rasés.
Ce système associant les arbres aux plantes ou aux animaux, permet de valoriser les
ressources d’un milieu. Il utilise des pratiques respectueuses de l’environnement.
L’agroforesterie permet la création d’un microsystème. En effet, l’implantation d’arbre crée
un microclimat protégeant cultures et animaux des excédents climatiques (chaleur, vent,
gel…) et abritant une diversité faunistique et floristique importante. Les pratiques
agroforestières agissent positivement sur plusieurs facteurs :
-
L’eau :
➜ Réduit l’intensité des pics de crue -> les arbres limitent le ruissellement des eaux de
pluies et permettent d’étaler dans le temps, l’arrivée d’eau dans la rivière et donc de
limiter l’intensité des crues
➜ Réduit les pollutions diffuses -> Les racines des arbres permettent de récupérer les
excédents des éléments fertilisants (phosphates et nitrates principalement) lessivés
ou drainés, purifiant ainsi l’eau avant les nappes phréatiques. Les racines peuvent
même stocker certains pesticides et les dégrader en partie
➜ Gère la réserve utile en eau -> Les arbres permettent de retenir l’eau infiltrée dans le
sol et ainsi d’augmenter la réserve utile en eau du sol (eau utilisable par les végétaux)
et de diminuer l’apport en eau.
-
Le sol :
➜ Bonifie les sols -> La biomasse des arbres contribue à former un humus stable et
fertile. Les racines prélèvent les éléments nutritifs non utilisés par les cultures ou
issus de la dégradation de la roche mère et les redistribuent aux cultures par la
décomposition des feuilles, des racines et des branches. Ainsi l’agriculteur peut
diminuer ses apports de fertilisants
➜ Abrite une faune et une flore importante pour la décomposition de la matière
organique tel que des vers de terre mais aussi des champignons
➜ Réduit l’érosion des sols -> les arbres structurent et stabilisent le sol limitant ainsi
l’érosion par le vent et par le ruissellement de l’eau. Pour cela, ils agissent sur trois
volet : ralentissent l’écoulement de l’eau, maintiennent la structure du sol et protègent le
sol du vent.
-
La biodiversité :
➜ Sauvegarde la biodiversité -> On ne retrouve aucune espèce spécifique à ces
systèmes mais les systèmes agroforestiers constituent des habitats favorables à une
grande diversité faunistique et floristique. Ces systèmes offrent une grande
diversité de niche biologique abritant et/ou nourrissant des espèces qui ne pourrait
pas survivre dans les territoires d’agricultures intensives
➜ Favorise les activités de nature (chasse, promenade, ornithologie…)
➜ Favorise les auxiliaires des cultures -> les arbres apportent des ressources et des
habitats forestiers et semi forestiers aux auxiliaires, parfois nécessaires à leur
développement. La présence de ces auxiliaires permet de réduire le nombre de
ravageur et de diminuer l’utilisation de pesticides
➜ Favorise les pollinisateurs -> les systèmes agroforestiers offrent aux insectes
pollinisateurs des habitats, des ressources nectarifères et polliniques tout au long de
l’année (diversité floristique importante). Ces insectes sont très importants pour la
pollinisation. En Europe, 80% des variétés des plantes cultivées sont pollinisées par
ces insectes. Le coût de service, à l’échelle planétaire, a été estimé à 153 milliard
d’euros par ans. En plus de polliniser les cultures, les insectes pollinisateurs comme
l’abeille peuvent produire du miel (grâce aux plantes mellifères) et apporter un revenu
supplémentaire à l’agriculteur.
-
Le Climat :
- L’effet brise-vent -> les arbres abritent du vent les cultures et les animaux. En
protégeant les cultures du vent, les arbres permettent de limiter les stress climatiques
sur les cultures et ainsi augmenter de 5 Ã 30% le rendement des grandes cultures et
maraichage. La protection des arbres est très importante pour les vergers, diminuant
ainsi la quantité de fruits abimée par le vent (suite à une chute). L’effet brise vent est
également important pour l’Homme, il permet d’éviter les courants d’air et de faire des
économies d’énergies (environ 10% d’economie de chauffage et de climatisation pour
une maison protégée par les arbres.
- L’effet parasol -> l’arbre permet d’apporter de l’ombre dans les champs ou dans les
prés. La protection des animaux contre la chaleur permet d’augmenter les
rendements laitiers et de la production de viande. Les arbres permettent même, pour
certains animaux comme les volailles d’apporter un sentiment de protection contre les
prédateurs (rapaces).
- Le cumul des deux effets -> la combinaison de l’effet brise vent et de l’effet parasol
permet d’augmenter l’humidité de l’air du milieu et ainsi de réduire la demande en eau
des cultures. Cet effet s’avère pertinent, dans un contexte de réchauffement
climatique où les périodes de sècheresses se font plus grandes. Cette hypothèse
d’économie d’eau ne fait pas encore l’unanimité, elle reste à prouver. Même si
l’exemple du sylvopastoralisme (association d’arbres et d’animaux) dans la péninsule
ibérique fait ses preuves depuis plus de 2000 ans sous un climat méditerranéen.
- L’effet puits de carbone -> les forêts sont appelées les « Poumons de la Terre ».
l’intérêt des arbres dans la lutte contre le changement climatique est double :
o Permet de stocker du carbone à court et à long terme. Le carbone est stocké
dans la biomasse. Celle-ci est en partie injectée dans le sol (feuilles, petites
branches) puis utilisée par les végétaux (après décomposition). L’autre partie
de la biomasse est le bois. Le bois stocke le carbone pendant toute la durée
de sa vie (long terme).
o Production d’une énergie renouvelable. Cette énergie peut être utilisée par
l’agriculteur pour réduire sa consommation d’énergies fossiles ou alors être
vendue pour compléter ses revenues.
L’association de l’arbre à l’agriculture n’empêche pas de produire, bien au contraire, il
permet même de diversifier ces secteurs de production (agriculture + forestière) et
ainsi d’améliorer la rentabilité économique de l’exploitation.
La productictivité d'une parcelle agroforestière est supèrieur à celle d'un assolement
agriculture-forêt. A titre d'exemple, le système noyer - céréales, présente une surface
équivalente assolée 1,2 fois plus importante. Ce qui signifie que la production agroforestière
sur un hectare est égale à la production de 1,2 hectare en culture pure (où les céréales et
les noyers sont séparés).
Un système agroforestier bien pensé et bien conçu permet de diminuer la consommation d’eau,
l’apport d’intrants, de produits phytosanitaires et donc de diminuer les coûts de production
tout en contribuant potentiellement à conserver les sols et protéger la biodiversité.
La diversification des secteurs de production peut permettre à l’exploitant de réduire
sa facture énergétique et de produire une énergie renouvelable, qui dans un contexte
de crise pétrolière, peut s’avérer très rentable.
Mais attention, agroforesterie ne signifie pas agriculture écologique. C’est une
agriculture dite raisonnée, elle peut se pratiquer avec une agriculture intensive comme
avec une agriculture extensive.
L’introduction d’arbre dans l’agriculture améliore les facteurs de production agricole
mais ne permet pas de s’affranchir des bonnes pratiques agricoles !